PREMIERE MOITIE DU XVII° SIÈCLE                   307
artisans fixés dans la capitale à cette époque, on reconnaît que les Dubout, les Comans, les de la Planche étaient arrivés à une perfec­tion qui ne sera pas dépassée par les tapissiers du règne de LouisXIV. Dès le commencement du règne de Louis XIII, gràce aux efforts et aux sacrifices de Henri IV, la France possède un ensemble de tra­vailleurs en haute et basse lice dont les oeuvres peuvent soutenir la comparaison avec celles de n'importe quelle manufacture étran­gère, sans en excepter les vieux ateliers de Bruxelles ou la fabrique anglaise de Mortlake, dont nous parlerons tout à l'heure.
Atelier de Maincy, — Si nous passons maintenant aux industries provinciales de la même période, nous constaterons partout le même essor, les mêmes progrès dans la fabrication. Nous avons parlé déjà des manufactures d'Amiens et de Tours, filles de :la première maison des Gobelins. Nous n'y reviendrons pas.
L'atelier de Maincy était installé dans le voisinage de la somp­tueuse demeure du surintendant Foucquet. C'est là que s'exercèrent à l'art difficile de la décoration les habiles maîtres qui formèrent, par la suite, le premier noyau de la manufacture des meubles de la couronne.
Foucquet avait attiré et installé à Maincy un certain nombre d'ouvriers flamands, dont les registres paroissiaux de la commune ont conservé les noms, en partie du moins. Quelques-uns venaient de Bruxelles, d'autres d'Enghien; d'autres enfin portent des noms bien français, comme Lenfant, Lefèvre, Lourdet.
Chez Foucquet, le peintre Charles Le Brun préludait au rôle de suprême ordonnateur de la décoration des palais royaux, en diri­geant les embellissements du palais féerique de Vaux, en fournis­sant les esquisses des peintures murales et des tapisseries. Nous reproduisons ici une portière dessinée par Le Brun, où l'écureuil de Foucquet est surmonté de l'orgueilleuse devise Quo non ascen-det? (et non Quo non ascendam?) qui parait avoir été bien plutôt imposée à l'ambitieux surintendant par la flatterie de ses adulateurs de toute sorte, que choisie par lui comme un défi maladroit à la puissance royale.
L'atelier de Maincy eut une dizaine d'années d'existence à peine. Après la disgrâce et la chute de son fondateur, tous les artistes et ou­vriers employés à Vaux et à Maincy passèrent au service du roi ; en même temps, les précieuses collections d'objets d'art amassées par